Le Crime absolu
Pourquoi pardonne-t-on tout aux « Riches » ?
Leurs diverses maisons secondaires inhabitées la majeure partie de l'année,
On pardonne même le mensonge, la corruption, le vol, les ventes d'armes meurtrières, les médicaments toxiques, le trafic de drogue, voire le meurtre...
Le « Riche » est tellement beau, tellement enviable avec ses demeures ensoleillées aux vues paradisiaques.
Mais il y a un crime abominable dans notre République.
Un crime absolu, un crime impardonnable.
Un crime qui vous met au ban de la société et vous rend coupable de tout :
La Pauvreté.
On exige tout des Pauvres.
De dire « Merci » quand ils ne font que revendiquer leurs droits fondamentaux
à un logement, à des soins et de pouvoir participer à la vie de la société.
De justifier à chaque instant sa conduite et ses choix de vie
par de multiples questionnaires abscons et intrusifs
qui violent leur intimité et leur dignité.
D'être content d'avoir un logement trop petit
bien souvent insalubre, bruyant et pollué entouré de dealers aux regards en biais.
Jamais on ne pardonne d'être Pauvre.
Un Pauvre est coupable tant qu'il reste Pauvre.
S'il est Pauvre, c'est forcément de sa faute,
il est nul, bête, incompétent, asocial, fainéant, c'est selon.
Mais dans tous les cas, c'est de sa faute, de sa faute, de sa faute !
Et la Pauvreté n'est que le juste châtiment de sa médiocrité.
Le Pauvre n'est rien.
C'est un être sans droits, sans estime, sans qualités.
Le Pauvre n'a que des devoirs qu'on lui rappelle à chaque instant :
dire « merci », obéir et surtout se taire.
Il se doit d'avoir la bienséance d'être invisible.
40 ans de vie sans jamais avoir atteint le seuil de Pauvreté,
ça vous forge la conviction inébranlable du vécu au quotidien.
Une allégorie de notre monde.
Janvier 1998
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